
Dans mes accompagnements , il y a un jeune dont le sujet des relations affectives est primordiale. Cela fait bien un an qu’il m’en parle régulièrement.
En tant qu’éduc, vous voyez bien vers quels méandres un tel sujet amène. On a tous un jour ou l’autre esquivé une question à ce sujet ou pour les moments les plus courageux, on s’est laissé porté par la voix de nos intuitions tout en nous demandant juste après, mais pourquoi lui ai je dit cela? qui je suis pour lui raconter cela?. C’est presque intrusif parfois de devoir narrer cette thématique de telle ou telle manière. Peux ton comprendre l’enjeu de notre parole à ce moment là? lorsque l’on répond telle ou telle réponse à telle ou telle question. Oui alors, bien sûr, on fait avec les moyens du bord, pourrait-on dire. Comme si cette thématique de l’amour et des relations affectives et sexuelles étaient de l’ordre d’un domaine privé et dont on ne voudrait pas passer la porte. Cela nous ramène à nous: qui a répondu à nos questions lorsque nous étions jeunes? qui a su nous rassurer, nous apporter un récit, une expérience?
Lorsque ce jeune a un handicap, le sujet peut vite tourner à l’obsession. Trouver des moyens d’expression tout en ne mettant pas en difficulté le jeune, telle a été ma problématique. Et j’ai découvert le photolangage. je me suis dit pourquoi pas. Comme support à la verbalisation. Bon il faut entendre qu’un educ n’est pas un psy non plus !
J’ai donc découvert cette méthode du photolangage que j’aimerai vous partager dans cet article, afin que vous puissiez peut être aussi vous y intéresser. Je me suis procuré l’ouvrage: » Photolangage, adolescence, amour et sexualité, pour dynamiser la parole et l’écoute, sous la direction de Claire Bélisle, édition Chronique sociale.
C’est un livre-dossier qui comprend une introduction sur la thématique, un livret méthodologique ainsi qu’une série de 48 photographies en couleur.

Le procédé du photolangage est issu de recherche en sciences humaines et sociales et spécifiquement cette thématique dont je parle dans cet article, a été mené par des intervenants pour l’éducation à la sexualité dans le département du Rhône.
En quoi cette méthode peut enrichir l’accompagnement individuel d’un jeune par un éduc?
Le procédé est initialement conçu pour être présenté en groupe mais pour ma part, j’ai décidé de l’adapter à un accompagnement individuel.
Le procédé est constitué comme ceci:
– tour de table de présentation,
– exposition de la question posée, ( écrit bien en évidence sur un tableau)
– temps de choix personnel de photographies déposé sur une table ( 5 à 10 minutes)
– travail de groupe après le choix individuel de la photo : chacun est amené à reflechir pourquoi il a choisi cette photo, qu’est ce qui l’a attiré , en quoi cette photo lui a parlé au regard de la question posée et ce qu’il a envie de transmettre aux autres participants.
– temps d’analyse de groupe ( phase optionnelle, pour tout ceux qui ne sont pas formé aux techniques d’animation de groupe, cette étape peut ne pas se choisir)
Exemple de question posée:
– Choisissez une ou deux photographies qui vous permettent d’exprimer au mieux pour vous la relation amoureuse
– Choisissez 1 à 3 photographies vous permettant d’exprimer au mieux ce que vous attendez de l’autre dans une relation amoureuse et ce que vous pensez que l’autre attend de vous
– Avec qui aimeriez vous parler de sexualité? dites avec 1 photo.
– Selon vous, où et avec qui peut on parler de sexualité? dites avec 1 ou 2 photgraphies
– Est ce qu’être amoureux, amoureuse, c’est avoir envie d’être père, d’être mère? dites le avec 1 ou 2 photographies
ect…
Afin de l’adapter à travail individuel, je pense qu’il serait pertinent de
– proposer le procédé d’une question posée, avec le choix d’1 à 3 photos
– puis d’amener la personne handicapée à décrire la photo et/ou à expliquer les raisons de son choix. Tout ça à faire évidemment en fonction des capacités de la personne et de la relation de confiance établie avec elle, Cela peut être aussi lui laisser le temps de s’inspirer des photographies afin de pourquoi pas écrire un texte ou enregistrer sa voix sur son téléphone ou une vidéo même afin de garder une trace de ce moment et de pouvoir le regarder par la suite lorsque les questions reviennent au galop à ce sujet.
Il peut être intéressant aussi pour l’écrit de proposer à la personne d »entretenir un petit journal où elle pourrait y déposer ce qu’elle y vit.
L’essentiel en tout cas est, je le pense, de ne pas tomber dans la position de l’accompagnant qui « sait » et qui essaye de répondre systématiquement ( pas facile hein?) mais bien dans la mesure du possible des capacités de la personne, de lui permettre d’élaborer ses propres réponses avec surtout ses propres mots à elle et ses propres ressentis. Puisqu’au bout du compte, comme dirait la chanson, on se rend compte qu’on est toujours seul face à ce sujet qui touche à notre intériorité.
J’espère que cet article vous aura donné l’envie de vous intéresser à cet outil du photolangage.

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